Avec ma collègue Doula, Susana, nous avons voulu vous parler de Placenta. Parce que non ce n’est pas juste qu’un vulgaire bout de viande, qui peut paraître même répugnant pour certain(e)s.
Lorsqu’il y a conception, il est d’ailleurs le premier à se développer, puis vient le développement du bébé lui-même.

Dans de nombreuses cultures, le placenta était considéré comme un « jumeau spirituel » de l’enfant. Dans d’autres comme un lien entre la mère, l’enfant et la Terre. Il pouvait être enterré sous un arbre, conservé séché, ou utilisé dans des rituels de protection.
Aujourd’hui, ces traditions connaissent un regain d’intérêt. Souvent dans une approche plus intime ou personnelle. Certains parents souhaitent honorer le placenta en lui offrant une cérémonie, une empreinte artistique, ou un retour à la Terre.
D’autres considèrent que sa richesse biologique, même après la naissance, est là pour soutenir la mère en post-partum. Ce qui semblerait cohérent avec tous les mammifères, même certains herbivores, qui consomment le placenta de leurs bébés.
Qu’est-ce que le Placenta réellement ?
Le placenta peut être considéré comme un organe à part entière. Il est le lien entre le bébé et sa mère.
Il a de nombreuses fonctions : il protège à la fois la mère et l’enfant in-utero, il permet le partage d’oxygène, de nutriments et des défenses immunitaires de la mère vers le fœtus, … Le placenta est riche en fer, vitamine B6, acides aminés, gras essentiels et même en cellules souches. Il est aussi un organe chargé d’hormones, notamment la fameuse ocytocine. Une hormone essentielle pour l’enfantement, mais aussi pour l’allaitement et le bien-être en post-partum. Et à ce jour, la science ne sait pas encore tout de lui.
Alors oui, il n’est pas forcément très gracieux, beau à voir (du coup je vais vous mettre une photo pas trop grande, de sorte que les âmes sensibles ne soient pas choquées). Mais est-ce qu’un coeur ou un cerveau l’est ?

Il est un peu comme un foie pour la partie côté maman, avec des petits lobes. Côté bébé il y a tout un réseau de vaisseaux sanguins qui, avec le cordon, peuvent dessiner comme un arbre avec son tronc.
Le placenta est le seul organe que la femme fabrique entièrement pour son bébé. C’est aussi le seul organe créé pour un usage à durée limitée !
Rituels autour du placenta
Vous allez voir qu’on peut faire beaucoup de choses avec le placenta et vraiment créer des rituels, pas au sens sorcellerie, mais au sens de rendre « sacré » le moment ou ce que le placenta représente.
Brûler le cordon
Avant tout…
Déjà il va de soi, si tout va bien , s’il n’y a aucune urgence, on attend que le bébé ait récupéré tout son sang du placenta (environ 30% tout de même) avant de clamper le cordon. Comment on sait que c’est le moment ? Simplement le cordon ne bat plus et il est devenu tout blanc. C’est une histoire de quelques minutes. Alors ne soyez pas pressés. Un bébé qui aura pu récupérer tout son sang, est un bébé qui sera moins fatigué les 1ères semaines de vie et en meilleure santé. Puisqu’il aura eu toutes les cellules souches du placenta. Et puis pensez que ce bébé a respiré par le cordon pendant près de 9 mois, et que les 1ères respirations d’air par les poumons brûlent ! Alors laissons leur le temps de s’acclimater à cette nouvelle respiration.
Avec votre partenaire, n’hésitez pas à sentir vous-mêmes le battement sur le cordon en le prenant entre vos doigts. C’est un beau moment de connexion avec votre bébé mais aussi une belle opportunité pour retarder le clampage car le personnel médical n’osera pas effectuer cet acte tant que vous avez vos mains sur le cordon.
Bon revenons à nos moutons, ou plutôt au sujet « Brûler le cordon ».
Vous allez nous dire « mais qu’est-ce ??? » Alors ce n’est pas faire un feu de joie avec un bout de cordon. Non non… nous sommes encore à l’étape où bébé est relié à son placenta par son cordon.
L’idée de ce rituel qui peut être réalisé, avec l’accord de l’équipe médicale qui serait présente, est de brûler le cordon au lieu de le clamper et couper aux ciseaux. Car le feu invite le reste du Qi à aller au bébé. Comme je l’indiquais plus haut, le placenta est le 1er à se développer, donc certain(e)s pensent qu’une partie de l’énergie vitale du bébé y est stockée, le Qi.
Bien entendu, on prend des précautions 😉
- On explique au bébé ce qu’on va faire.
- On place un carton avec une entaille pour protéger le bébé : il reste parfois un peu de gaz dans le cordon donc au bout d’un moment ça va faire un « pop » de gaz avec le feu.
- On aère bien la pièce tout en s’assurant que le bébé reste bien au chaud en peau à peau contre sa maman.

La maman et le papa prennent chacun une bougie. Ils vont sectionner le cordon en le brûlant loin du bébé. Ça prend environ 15 min. Faut pas être pressés :-p Toutefois il est tout à fait possible de se faire relayer par la sage-femme, ou la Doula, de temps en temps.
Si néanmoins vous décidez de couper le cordon (ou si vous n’avez pas le choix), n’hésitez pas à prévoir en amont un lien de cordon en coton biologique : cela est beaucoup plus doux pour le bébé que la classique pince en plastique fournie par les maternités.
Ce rituel permet de prendre le temps, et de prendre vraiment conscience, qu’on sépare bébé de sa mère. Il/elle est né(e) !!!
Et cela est même plus sûr que de couper le cordon car le risque d’infection est inexistant, tout étant naturellement stérilisé par le feu.
Empreinte
Plus qu’un beau souvenir, l’empreinte du placenta (côté bébé pour avoir cette image d’arbre de vie) sur une feuille, uniquement avec le sang restant dessus ou en lui appliquant de la peinture pour amener de la couleur et un côté artistique, peut aussi être interprêtée.
Les branches formées par les vaisseaux sanguins, représentent : à droite (généralement, mais pas toujours) le père ou la famille paternelle (est-elle présente ou plutôt absente ?), à gauche la mère ou famille maternelle, en bas ce sont les ancêtres.
Est-il équilibré ? A-t-il une forme symétrique ? Y a-t-il des noeuds ? Est-ce que l’insertion du cordon est centrée ?
Le planter
Dans certaines civilisations, il est coutume d’enterrer le placenta et d’y planter juste au-dessus un arbre en l’honneur du nouveau-né. On verra ainsi grandir et s’épanouir cet arbre ou plante, en même temps que l’enfant.

D’autres, considérant que nous sommes des enfants de la Terre, ou Gaïa, souhaitent en faire offrande à Gaïa, à la nature.
Quelle que soit la raison, l’important est la conscience qu’on y met.
Bébé / Placenta Lotus
Pour celui-ci, il faut probablement avoir des croyances spécifiques : comme, par exemple, que le placenta contient une partie de l’âme du bébé.
Il s’agit de ne pas couper le cordon et laisser le bébé relié à son placenta jusqu’à ce que le cordon sèche suffisamment pour qu’il se détache de lui-même.
Nous vous rassurons, ça ne dure que quelques jours, si jamais ça vous tente. Car vous allez devoir trimballer un bol avec le placenta en même temps que vous déplacez bébé.
Comment procède-t-on ?
- Mettez le placenta sur un lange, côté maternel vers le haut.
- Ajoutez du gros sel en abondance dessus pour le recouvrir totalement, avec des herbes arômatiques pour les odeurs.
- Refermez les membranes (le restant de la poche amniotique) et retournez-le.
- Placez-le dans un bol et mettez du gros sel côté foetal avec des herbes aussi. Vous pouvez à ce moment, ajouter des offrandes (pierres précieuses, petits grigris, fleurs, …).
- Enveloppez le tout dans le lange (vous pouvez ajouter un second lange) : l’humidité sera absorbée et le sel va faire sécher le placenta.
On refait toutes ses étapes chaque jour jusqu’à ce que le cordon se détâche de bébé, en changeant les langes à chaque fois. Vous pouvez placer le bol dans une jolie boîte en bois ou une sorte de panier fermé comme ceux qu’on utilise pour faire la cuisson vapeur chinoise.
Si cela vous semble trop engageant. Mais que la pratique vous parle. Il est également possible de faire un placenta lotus au jour le jour.
Laissez le bébé relié à son placenta tant que cela est OK pour vous. Beaucoup de parents, qui commencent avec cette approche plus détendue, finissent par attendre plus longtemps que prévu, ce qui est déjà très beau.
Les utilisations thérapeutiques
Petits bouts congelés ou frais pour faire des smoothies (attention sans produit laitier car ça absorberait les propriétés du placenta), en teinture-mère ou en poudre, … Le placenta se consomme de différentes façons selon les goûts et les capacités de chacun à pouvoir le préparer ou payer pour la préparation.
Comme nous le disions plus haut, le placenta est riche en fer, vitamine B6, acides aminés, gras essentiels et même en cellules souches. Il permet donc de soigner beaucoup de maux : fatigue, dépression post-partum, tranchées, mais aussi tous les petits maux de l’hiver (rhume, …), et pour toute la famille. Et puisqu’il contient de l’ocytocine, un bout sous la langue de la maman pourrait aider à stopper une hémorragie de la délivrance.
Attention ! Il y a tout de même des contre-indications : si la maman a pris des médicaments avant l’enfantement ou même la péridurale (ils seront présents dans le placenta) ; si la maman ou/et le bébé ont fait une septicémie lors de l’enfantement. Toute situation anormale ou qui sort du cadre strictement physiologique demande une réflexion plus poussée sur les risques.
Quelles utilisations choisir ?
Frais, il se garde 3 jours au réfrigérateur.
Congelé, vous pouvez le garder aussi longtemps que de la viande, soit 3 mois. Il n’y aura pas de risque à le consommer s’il est resté plus longtemps. Toutefois il aura commencé à perdre de ses vertus.
En teinture-mère, il se garde très longtemps (plusieurs années) puisqu’il est conservé par l’alcool. Par contre, il ne sera consommable qu’après 1 mois de macération. Mais dans cette forme-là, il est plus délicat d’en donner à bébé ou à un enfant plus grand. A partir de la teinture-mère, il est possible de faire fabriquer des solutions homéopathiques, plus adaptées pour un usage destiné à toute la famille.

Si finalement vous n’êtes pas prête à le consommer en gobant de petits bouts ou en smoothies, vous pouvez le cuire et/ou le déshydrater.
En poudre, en pot ou en capsules, il se garde plusieurs mois à condition de faire attention à l’humidité. Vous avalez votre capsule comme un autre complément alimentaire et pour les enfants vous saupoudrez sur un plat.

Le placenta peut aussi être transformé en baume cicatrisant (par exemple pour cicatriser les éraillures, apaiser les crevasses d’allaitement ou les irritations cutanées).
Une question avant tout intime
Si vous entendez parler de ces pratiques, sachez qu’il n’y a pas de “bonne” ou de “mauvaise” décision.
Certaines familles ressentent le besoin d’honorer ce placenta comme un symbole de lien. D’autres préfèrent le laisser à l’hôpital. Et d’autres encore choisissent une transformation thérapeutique, par curiosité ou par conviction.
L’essentiel est d’être informé(e), de connaître les précautions à prendre, et de choisir ce qui fait sens pour vous — sans pression ni jugement.
Christelle Personeni, Doula Large Spectre, Doula Du Coeur 25
Susana Nunes, Doula spécialisée dans l’accouchement à domicile